Le destin d’un médecin colonial breton

Candice Coulloc’h sa petite-fille, et le Dr Jean-Marie Milleliri ont exhumé la correspondance hebdomadaire de Joseph Coulloc’h, jeune médecin militaire breton, avec sa mère résidant à Tréboul (Finistère). Ces échanges ont eu lieu entre 1935, année de sa soutenance de thèse à Bordeaux, et sa mort tragique en 1944 au surlendemain de la naissance de son fils.

À la manière d’Alexandre Yersin rédigeant ses missives depuis le Vietnam pour raconter à sa mère ses journées de travail à l’étranger, Joseph Coulloc’h nous livre des détails d’un quotidien fait de découvertes et d’activités médicales dans un Gabon profond entre janvier 1937 et juin 1939, de Port Gentil à N’Djolé en passant par Lambaréné. À N’Djolé en particulier, il rouvre le poste médical fermé depuis 7 ans mais où la reprise de la trypanosomose exige de nouveau une action concertée.

Sa correspondance permet de découvrir la vie quotidienne d’un médecin militaire colonial en début de carrière. Les consultations médicales, la vaccination des populations, les actes chirurgicaux, la surveillance des maladies décrivent l’Ailleurs et l’Autre africains, rassurant une mère vivant à des milliers de kilomètres.

Au Gabon, durant plus de deux ans, le jeune médecin a vécu au gré des consultations et des tournées de brousse. Ces lettres sont émaillées de détails instructifs. Le jeune médecin diplômé du Pharo déploie une activité diversifiée de médecine tropicale. Il s’occupe de ses nombreux patients (30 à 40 consultants par jour), travaille au centre de prise en charge et de prophylaxie de la maladie du sommeil, dispense des vaccins antivarioliques. Pendant un long séjour à Lambaréné en 1937, il aide le médecin-capitaine du poste, agrégé de chirurgie, pour les interventions chirurgicales tout en poursuivant des tournées médicales dans les villages environnants. Disposant d’un appareil photographique, chose assez rare à l’époque, Joseph Coulloc’h nous livre des images anciennes qui sont le reflet de la vie de l’époque : paysages, personnages locaux, rassemblements de populations, activités médicales, bâtiments, animaux… Les relations avec la hiérarchie ne sont pas oubliées et nous assistons quasiment en direct à la naissance du concept de matrone-accoucheuse, voulue par les autorités sanitaires depuis Brazzaville et qu’il faudra beaucoup de persévérance pour introduire dans le contexte local.

Mais la guerre le rattrape. De retour en 1939, Joseph Coulloc’h rejoint le front le 1er mai 1940 en Lorraine. Il est fait prisonnier avec ses hommes le 21 juin. Libéré en janvier 1942, il rejoint l’hôpital de Saint-Raphaël où il prépare et réussit le concours d’assistant de radiologie. En juillet 1943, il se marie à Douarnenez. En 1944, le couple s’installe à Saint-Mandé car le Dr Coulloc’h exerce désormais à l’hôpital Bégin. Le 24 mai, Joseph va rejoindre en Bretagne son épouse qui lui a donné un fils le 22 mai. Mais le train qui le ramène sur ses terres est mitraillé par des avions alliés et il est mortellement frappé par les tirs du second passage aérien.

Tragique destin que celui de ce médecin breton des troupes coloniales. La lecture de ces lettres témoigne de l’attachement d’un fils à sa mère, à ses racines bretonnes et ses valeurs chrétiennes, mais aussi de la réalité médicale du Gabon des années 1930 et du choc de la confrontation d’un jeune intellectuel français avec le peuple gabonais. En gardant précieusement ces lettres, l’oncle maternel de Joseph Coulloc’h, le chanoine Henri Pérennes, nous a donné la chance de partager ces témoignages.

Médecin-capitaine Joseph Coulloc’h (1912-1944). Le destin d’un médecin colonial breton

ISBN : 979-10-90412-42-2

Prix 32 € plus port 8€

Commande auprès de J.-M. Milleliri ([email protected])