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Vie de la société 2.02021-10-25T15:16:00+01:00

Vie de la société

Kiosque N°14

Catégories : Kiosque, Les articles de Kiosque|

Encore des informations sur Covid-19

Aucun lien n’a été trouvé entre cancers et vaccination Covid :

Covid long, une interrogation permanente :

Les changements dans l’épidémiologie des maladies infectieuses avec Covid-19, une belle étude des Chinois :

Monkey Pox

Monkey Pox et vaccin variole une question controversée :

Divers

Articles sélectionnés par Jean-Loup Rey

Sur le bandeau : Troupeau mélangé, Ethiopie, 18 octobre 2016. © F. Moutou

Le 3 novembre 2023 disparaissait le Professeur Pierre BOURREL

Catégories : Actualité, Vie de la société|

Orthopédiste et chirurgien de la main, il fut un des pionniers de la chirurgie de la lèpre. Celui qui fut toute sa vie professionnelle médecin militaire était né en 1926 dans le Tarn où il repose dorénavant.

Pierre Bourrel a rencontré la lèpre et les lépreux dès sa première affectation à Lambaréné (Gabon) en 1952, l’année même où Paul W. Brand publiait à Vellore en Inde ses premiers résultats de reconstruction de la main lépreuse. À côté des premières thérapeutiques médicales disponibles, Pierre Bourrel ne dispose alors du point de vue chirurgical pour soulager les handicaps de ses patients que des soins de propreté ou des régularisations de moignons, et de la seule opération palliative qu’il savait pratiquer, l’arthrodèse à visée d’arthrorise[1] de Lambrinudi-Boppe-Merle d’Aubigné pour paralysie du nerf fibulaire commun. De là est née sa vocation de chirurgien tropicaliste, et ses travaux sur l’apport de la chirurgie chez les lépreux.

De retour en France, Pierre Bourrel suit le cursus militaire de formation chirurgicale. Son séjour à Bamako de 1958 à 1960 le confronte une nouvelle fois à la lèpre. Il publie dans « Les comptes rendus trimestriels de l’Institut Marchoux » ses techniques chirurgicales pour traiter les névrites et les paralysies lépreuses. Puis, au Sénégal, il crée le service de chirurgie orthopédique de l’hôpital principal de Dakar. Avec André Carayon et Jean Languillon, il signe en 1964 le premier manuel consacré à la chirurgie de la lèpre.

À partir de 1980, il est membre de la commission médicale de l’Association Française Raoul Follereau, et jusqu’en 1994, il organise pour ses élèves, deux ou trois fois par an, la répétition sur sujet d’anatomie des quelques techniques les plus simples de décompression des névrites et des interventions palliatives des paralysies, adaptées aux conditions d’exercice dans les pays en développement.

Devenu membre du Groupe d’études de la main (GEM, devenu Société française de chirurgie de la main) en 1973, il en devient président en 1985-1986. Sous-directeur de l’École du Pharo, il fait paraitre le livre de « Techniques chirurgicales élémentaires pour médecins isolés ».Cet ouvrage avait pour but de permettre à ceux qui n’avaient pas d’orientation chirurgicale de se tirer d’affaire, et à ceux qui en avaient une de disposer d’un condensé se substituant à la bibliothèque médicale dont ils ne disposeraient bien sûr pas sur le terrain.

Médecin général inspecteur, il a terminé sa carrière comme directeur de l’Institut de médecine tropicale du service de santé des armées, plus connue comme l’Ecole du Pharo. Il avait quitté le service actif en 1986.

Jean-Paul BOUTIN, SFMTSI

Bibliographie sélective

Brand PW. The reconstruction of the hand in leprosy. Ann R Coll Surg Engl. 1952 Dec;11(6):350-61. PMID: 12996957; PMCID: PMC2377584.

Bourrel P, Souvestre R. Premiers cas africains de mélitococcie vertébrale. À propos de 3 cas dépistés au Soudan. Bull Soc Pathol Exot Filiales. 1960 Jan-Feb;53:67-72.

Bourrel P. Concept épidémiologique de la prévention des mutilations lépreuses et chirurgie. Bull Soc Pathol Exot Filiales. 1983 Nov;76(5):628-33.

Bourrel P. Cinquante de chirurgie de la lèpre en pays francophones. Place du Pharo dans l’organisation de cette chirurgie. Médecine Tropicale. 2005; 65:273-277.

Carayon A, Bourrel P, Languillon J. Chirurgie de la lèpre. Paris: Éd. Masson. 1964; 187pp.


[1] Limitation chirurgicale de l’amplitude d’une articulation par une greffe osseuse ou un matériel inerte biocompatible qui joue le rôle d’une butée.

ICTMM 2024 : 19-23 septembre 2024 Sarawak (Malaisie)

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The 21st International Congress for Tropical Medicine & Malaria (ICTMM 2024) hosted by the Malaysian Society of Parasitology and Tropical Medicine will be held from the 19th to 23rd September 2024 in Borneo Convention Centre Kuching (BCCK), in Sarawak (Malaysia)

This will be held in conjunction with the 60th MSPTM Annual Scientific Conference (MSPTM 2024) and the 10th ASEAN Congress of Tropical Medicine and Parasitology (10th ACTMP). 

Congress website https://ictmm2024.org/

This congress especially the ICTMM 2024 is a multidisciplinary and multinational collaborating exercise involving scientists, healthcare professionals, researchers, educators, physicians, epidemiologists, government and policy makers, journals, publications, engineers and innovators, climate scientists, pharmaceutical and medical industry. This is in line with our theme Global Responses and Interdisciplinary Research Towards Eliminating Tropical Diseases and our goal of inviting all to Kuching to work towards the UN SDG Target 3.3 which is to end the epidemics of AIDS, tuberculosis, malaria and neglected tropical diseases.  

Special grants are also provided to students, young researchers and clinicians submitting abstracts and attending the congress.    We encourage your eligible members to submit an abstract and apply for the grant. Suitable candidates will be awarded based on the pre-determined criteria.  
For more information :  
ICTMM 24 2nd Announcement  
ICTMM 24 Travel Grant Flyers

We are committed to planning an unforgettable congress in Kuching, Sarawak and one that will help to make a positive contribution to the global response of UN SDG 3.3.

If you have questions, please email our Congress Secretariat at [email protected] or via WhatsApp to +6014-9636018.

We look forward to hearing from you and thank you for your support.
Yours sincerely,

Prof Dr Siti Nursheena Mohd Zain
Organising Chair
21st International Congress for
Tropical Medicine & Malaria (ICTMM2024)

Dato’ Dr Chandrawathani Panchadcharam
Scientific Chair
21st International Congress for
Tropical Medicine & Malaria (ICTMM2024)

Lu pour vous – Alexandre-Olivier Exquemelin Chirurgien, flibustier et naturaliste (1640-1717)

Catégories : Lu pour vous|

Pierre Aubry et Bernard-Alex Gaüzère. L’Harmattan, Paris, 2023, 156 pages. Collection : Médecine à travers les siècles

Dans ce cinquième ouvrage, P. Aubry et B-A Gaüzère présentent la vie d’A-O Exquemelin, un aide-chirurgien navigans embarqué auprès de la Compagnie des Indes occidentales pour Saint-Domingue (Hispaniola), connu pour son œuvre littéraire et scientifique.

Exquemelin, « engagé » est donc contraint d’obéir et survit à une mise en esclavage. Il reprend sa formation de chirurgien, rejoint le milieu des boucaniers et des flibustiers et navigue dans cette mer caraïbe où prospèrent richesses espagnoles et pilleurs de ces richesses. La particularité d’Exquemelin, ce sont ses écrits, une « Histoire des aventuriers flibustiers qui se sont signalés dans les Indes » parus aux Pays-Bas en 1678 en néerlandais, puis traduits en allemand, en espagnol, en anglais et finalement en français dix ans plus tard. C’est dire le succès de cet ouvrage qui rapporte les mœurs des boucaniers chassant les bovins et porcs marrons dans l’est d’Hispaniola et qui décrit les vies des flibustiers installés entre autres dans l’île de la Tortue (Nord-Ouest d’Haïti). Les guerres européennes et les retournements d’alliance justifient leurs pillages, autorisés par des lettres de course. Ces flibustiers, dont les noms nous sont parvenus et qui semblent être des personnages romanesques, étaient des marins audacieux, violents et sans scrupules. La fin des conflits avec l’Espagne a progressivement réduit leurs activités à partir de 1720. Exquemelin était également un naturaliste. Il décrit la flore et la faune d’Hispaniola, s’intéressant aux utilisations médicales des plantes sauvages et cultivées et aux propriétés alimentaires des animaux. Ce livre est aussi portrait précis de cette grande île à une période de faible peuplement qui précède son développement par la culture de la canne à sucre et la traite humaine massive.

Pierre Gazin, SFMTSI

Les articles signés n’engagent pas la responsabilité de la SFMTSI

Pour commander l’ouvrage

Lire les chroniques des autres ouvrages de la série :

XXIXe Actualités du Pharo – Marseille 2, 3 et 4 octobre 2024

Catégories : Evènements - Congrès, Infos & idées, Vie de la société|

Depuis 2012, le GISPE – Groupe d’intervention en santé publique et épidémiologie – organise les journées scientifiques médico-tropicales nommées « Les Actualités du Pharo ». Ce sont les seules rencontres francophones de médecine et de santé publique tropicales ayant lieu chaque année en France. En 2024, la XXIXe édition se tiendra à Marseille les 2, 3 et 4 octobre.

Initialement, ces journées étaient organisées depuis 1994 par l’Institut de médecine tropicale du Service de santé des armées (École du Pharo) dont la fermeture en 2013 a conduit le GISPE à en reprendre l’organisation.

Chaque année, un thème central en lien avec les enjeux de la santé publique internationale permet d’accueillir des conférenciers invités pour communiquer sur ces sujets. En plus de ces conférences invitées, le congrès permet de présenter des communications libres soumises au comité scientifique, soit sur le thème de l’année, soit sur tout sujet de médecine tropicale.

En plus de ces conférences, le collège des universitaires en médecine infectieuse et tropicale, organise un symposium présentant les actualités scientifiques de l’année en santé tropicale.

Durant ces deux journées et demie, une session de communications affichées permet également des échanges avec des acteurs de terrain du monde de la recherche, des établissements de soins ou du secteur associatif.

Les livrets des résumés des communications des éditions passées sont en ligne :

http://www.gispe.org/html/actus_archives.html

Ainsi depuis 2012, ce sont environ 200 participants qui viennent à Marseille chaque année pour ces rencontres, dont l’audience a été augmentée depuis 2022 avec la mise en place d’un webinaire permettant aux internautes de suivre les conférences en distanciel.

Après avoir abordé en 2023 la santé au travail dans les pays du Sud, l’édition 2024 consacre ses conférences à deux thèmes : sport et santé en milieu tropicale, et la répercussion des crises sur la santé des populations locales.

Soumettez une communication sur ces deux thèmes ou sur tout sujet de médecine tropicale ou santé internationale.

Conférence ouverte, dont la tenue est désormais attendue par de fidèles participants dont de nombreux venus des pays du Sud (18 pays africains représentés en 2023), les journées accueillent également des partenaires privés et associatifs présentant leurs activités sur des stands toujours très fréquentés, mais dont les places sont malheureusement limitées.

Les droits d’inscription aux journées sont de 170 € et de 50 € pour les étudiants de moins de 30 ans. La participation au webinaire est gratuite.

Pour tout renseignement :

Inscription :                        [email protected]

Soumissions :                    [email protected]

Communication :             [email protected]

http://www.gispe.org/html/actus_2024.html

Kiosque N°13

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Pour commencer une métanalyse sur la séroprévalence SARS-2 réalisée par des Malaisiens à partir de 35 études incluant 47 160 sujets de 16 pays africains entre 2019 et 2020. Les taux de séroprévalence globale varient de 0,9 % au Togo à 45,1 % au Nigeria avec une moyenne de 16 %.
Hajissa K, Islam MA, Hassan SA, Zaidah AR, Ismail N, Mohamed Z. Seroprevalence of SARS-CoV-2 Antibodies in Africa: A Systematic Review and Meta-Analysis. Int J Environ Res Public Health. 2022 Jun 14;19(12):7257. doi: 10.3390/ijerph19127257

Et on continue avec COVID. Pour la surveillance de l’épidémie les études à partir des eaux usées est efficace et économique.

Yoo BK, Iwamoto R, Chung U, Sasaki T, Kitajima M. Economic Evaluation of Wastewater Surveillance Combined with Clinical COVID-19 Screening Tests, Japan. Emerg Infect Dis. 2023 Aug;29(8):1608-1617. doi: 10.3201/eid2908.221775 

Les analyses au niveau de la population française n’indiquent pas d’augmentation statistiquement significative du syndrome de Guillain Barré après l’administration des vaccins à ARNm (alors qu’elle existe après infection par SARS2). Le Vu S, Bertrand M, Botton J, Jabagi MJ, Drouin J, Semenzato L, Weill A, Dray-Spira R, Zureik M. Risk of Guillain-Barré Syndrome Following COVID-19 101(21):e2094-e2102. doi: 10.1212/WNL.0000000000207847.

Pour changer, une belle étude épidémiologique sur Buruli ; la vaccination antérieure par BCG protège. McNamara BJ, Blasdell KR, Yerramilli A, Smith IL, Clayton SL, Dunn M, Tay EL, Gibney KB, Waidyatillake NT, Hussain MA, Muleme M, O’Brien DP, Athan E. Comprehensive Case-Control Study of Protective and Risk Factors for Buruli Ulcer, Southeastern Australia. Emerg Infect Dis. 2023 Oct;29(10):2032-2043. doi: 10.3201/eid2910.230011

Et un point complet sur Monkey Pox. Martínez-Fernández DE, Fernández-Quezada D, Casillas-Muñoz FAG, Carrillo-Ballesteros FJ, Ortega-Prieto AM, Jimenez-Guardeño JM, Regla-Nava JA. Human 12(7):947. doi: 10.3390/pathogens12070947.

Enfin comme il vaut mieux prévenir une étude sur la transmission du virus Nipah en Inde. The Conversation : Comment le virus Nipah se transmet ou non à l’homme.

 Articles sélectionnés par Jean-Loup Rey

Sur le bandeau : 29 avril 2015 Guinée, hameau de la préfecture de Forécariah : désinfection et déshabillage de volontaires de la Croix- Rouge guinéenne après la mise en sac mortuaire sécurisée d’une personne décédée d’Ebola, sous le contrôle d’un parent  et de la population. © A. Epelboin

La communauté médicale unie contre la réduction de l’aide médicale de l’État

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L’aide médicale de l’État (AME) est un dispositif d’aide sociale permettant aux étrangers en situation irrégulière résidant sur le territoire français depuis plus de 3 mois (dès le 1er jour pour les enfants) et sous condition de ressources, de bénéficier d’une prise en charge de leurs soins en médecine de ville et à l’hôpital dans la limite des tarifs de la sécurité sociale et avec un panier de soins réduit. Ce dispositif doit être renouvelé tous les ans et concernait, en 2022, 415 000 bénéficiaires pour un budget estimé à environ un milliard d’euros soit moins de 0,5 % des dépenses totales de santé [1].

Malgré la mobilisation de la communauté médicale et scientifique au printemps dernier et de nouveau ces dernières semaines, un amendement proposant la suppression de l’AME, au profit d’une « aide médicale d’urgence » au périmètre restreint excluant les soins primaires, a été voté au Sénat le 7 novembre 2023 à l’occasion de l’examen du projet de loi immigration [2]. S’il était adopté à l’Assemblée nationale en décembre prochain, il limiterait et retarderait de façon majeure l’accès aux soins de cette population déjà particulièrement vulnérable conduisant à une augmentation du recours aux soins hospitaliers urgents, plus complexes et plus coûteux.

Cet amendement est un non-sens sur le plan de la santé publique, mais aussi économique, et n’est ni plus ni moins qu’une atteinte grave aux principes des droits humains garantissant un droit à la santé et aux soins pour toutes et tous sur le territoire français et européen [3,4].

L’immigration est un phénomène observé mondialement. Les motifs de départ sont le plus souvent en lien avec les études, d’ordre économique, familial ou liés à l’insécurité [5,6]. A l’heure actuelle, les travaux épidémiologiques, sociologiques et démographiques battent en brèche l’idée d’un « appel d’air » basé sur le modèle de protection sociale français et sur l’existence de l’AME. Ils viennent conforter l’idée que la migration pour raison de santé est marginale parmi les motifs de départ des pays d’origine [7]. De plus, le système de protection sociale étant en réalité méconnu des étrangers en situation irrégulière et le parcours administratif étant complexe, on estime que près de la moitié des étrangers éligibles à l’AME n’y ont pas recours y compris parmi ceux atteints de maladies chroniques. La restriction de l’AME n’aurait donc aucun effet sur les flux migratoires [8,9].

En supprimant l’AME et en limitant l’accès aux soins des sans-papiers, le législateur accentuerait par contre le renoncement aux soins d’une population déjà précaire, augmentant les retards au diagnostic et aux traitements. Ces retards entraineront des recours aux soins tardifs avec des pathologies à un stade avancé, faisant alors peser les coûts sur le système hospitalier public déjà largement fragilisé. En effet, cela se traduira par une sollicitation accrue des permanences d’accès aux soins de santé (PASS) et des services d’urgences, ainsi que par davantage d’hospitalisations dont la complexité et la durée impliquent de facto des coûts plus élevés [10-15]. De plus les sorties d’hospitalisation en soins de suites et de réadaptation, déjà difficiles chez ces populations en situation de précarité, seront rendues impossibles, une couverture maladie étant indispensable avant tout transfert. Ce phénomène ne fera qu’accentuer la congestion déjà majeure de l’hôpital public. L’analyse de la période de restriction de l’accès à la protection sociale décidée en Espagne en 2012 pour les étrangers en situation irrégulière a conclu à une augmentation de l’incidence de certaines maladies (y compris transmissibles) ainsi qu’à une augmentation du taux de mortalité dans cette population, conduisant le gouvernement espagnol à reculer et à rétablir cet accès aux soins [16-18]. Ainsi, loin de limiter les dépenses, la suppression de l’AME ferait porter sur le système hospitalier public le poids de décisions politiques éloignées de la réalité et en contradiction avec les principes de santé publique, sans compter les surcoûts que cela entrainera comme cela a été démontré ailleurs [19].

Nous, sociétés savantes, collèges, fédérations, syndicats et associations médicales appelons solennellement les députés de l’Assemblée nationale et le gouvernement à ne pas supprimer l’Aide médicale d’état, à s’opposer fermement à toutes restrictions de son périmètre, et à revenir sur les limitations qui lui ont été adjointes depuis sa création (délais de carence et plafond de ressource en particulier). Il est également indispensable de garantir un accès effectif à ceux qui en relève et de lutter efficacement contre les refus de soins dont ces bénéficiaires font l’objet. Ces conditions sont nécessaires au maintien d’un accès aux soins effectif pour cette population vulnérable et sont en cohérence avec les recommandations nationales et internationales.

Organisations signataires :

Sociétés savantes

Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF)

Société française de lutte contre le Sida (SFLS)

Société française de médecine d’urgence (SFMU)

Société française de santé publique (SFSP)

Collège de la médecine générale (CMG)

Société de réanimation de langue française (SRLF)

Société française de pédiatrie (SFP)

Société francophone de médecine tropicale et de santé internationale (SFMTSI)

Collège national des généralistes enseignants (CNGE)

Société française de pneumologie de langue française (SPLF)

Société de médecine des voyages (SMV)

Société Française de Gériatrie et de Gérontologie (SFGG)

Société française de microbiologie (SFM)

Société française de virologie (SFV)

Autres groupes professionnels

Coordination nationale des PASS

Conférence nationale des présidents de CME et de CMG des Centres Hospitaliers (CMECH)

Fédération nationale des centres de santé (FNCS)

Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS)

Société de formation thérapeutique du généraliste (SFTG)

Syndicat national des médecins de PMI (SNMPMI)

Comité consultatif national d’éthique (CCNE)

SAMU Urgences de France (SUDF)

Contact presse : [email protected]

Références bibliographiques :

  1. Budget de l’état. [Internet] Projets annuels de performances – Santé. [Consulté le 13/11/2023] https://www.budget.gouv.fr/documentation/documents-budgetaires/exercice-2022/le- projet-de-loi-de-finances-et-les-documents-annexes-pour-2022/budget-general/sante
  2. Projet de loi Immigration et intégration. [Consulté le 13/11/2023] https://www.senat.fr/dossier-legislatif/pjl22-304.html
  3. Convention européenne des droits de l’homme. [Consulté le 13/11/2023] https://www.echr.coe.int/fr/european-convention-on-human-rights
  4. Conseil de l’Europe. [Internet] Droit à une protection sociale ou à une aide sociale. [Consulté le 13/11/2023] https://www.coe.int/fr/web/european-social- charter/article- 11#:~:text=Pour%20se%20conformer%20%C3%A0%20l,n%C3%A9cessaires%20en%20cas%20d’% C3%A9pid%C3%A9mie
  5. Institut National d’Etudes Démographiques. [Internet] Titres de séjour par motif d’admission. [Consulté le 13/11/2023] https://www.ined.fr/fr/tout-savoir-population/chiffres/france/flux- immigration/motif-admission/
  6. Beauchemin C, Hammel C, Simon P. Trajectoires et origines. Enquête sur la diversité des populations en    France.  2016.  [Consulté le 13/11/2023] https://www.ined.fr/fr/publications/editions/grandes-enquetes/trajectoires-et-origines/
  7. Jusot F, Dourgnon P, Wittwer J, Sarhiri J. Access to State Medical Aid by Undocumented Immigrants in France: First Findings of the « Premiers Pas » Survey. Question de Santé. 2019;245:1-8
  8. Dourgnon P, Jusot F, Marsaudon A, Sarhiri J, Wittwer J. Just a question of time? Explaining non- take-up of a public health insurance program designed for undocumented immigrants living in France. Health Econ. Policy Law. 2023;18:32–48
  9. Corrado G. The welfare magnet hypothesis and the welfare take-up of migrants. [Consulté le 13/11/2023] https://wol.iza.org/uploads/articles/37/pdfs/welfare-magnet-hypothesis-and- welfare-take-up-of-migrants.pdf
  10. Guillon M, Celse M, Geoffard PY. Economic and public health consequences of delayed access to medical care for migrants living with HIV in France. Eur J Health Econ. 2018;19:327-40
  11. Erkens C, Tekeli B, Van Soolingen D, Schimmel H, Verver S. Recurrent tuberculosis in the Netherlands – a 24-year follow-up study, 1993 to 2016. Eurosurveillance 2022.
  12. De Vito E, de Waure C, Specchia ML, Ricciardi W. Public health aspects of migrant health: a review of the evidence on health status for undocumented migrants in the European Region. World Health Organization. Regional Office for Europe.2015. [Consulté le 13/11/2023] https://iris.who.int/handle/10665/326342
  13. Eick, F. et al. Use of emergency primary care among pregnant undocumented migrants over ten years: an observational study from Oslo, Norway. Scand J Prim Health Care. 2023;41,317–25.
  14. Woodward A, Howard N, Wolffers I. Health and access to care for undocumented migrants living in the European Union: a scoping review. Health Policy Plan. 2014;29:818–30.
  15. Piette JD, Wagner TH, Potter MB, Schillinger D (2004) Health insurance status, cost-related medication underuse, and outcomes among diabetes patients in three systems of care. Med Care 42:102–109
  16. Prats-Uribe A, Brugueras S, Comet D, Alamo-Junquera D, Ortega Gutierrez L, Orcau A et al. Evidences supporting the inclusion of immigrants in the universal healthcare coverage. Eur J Public Health. 2020;30:785-7
  17. Peralta-Gallego L, Gene-Badia J, Gallo P. Effects of undocumented immigrants exclusion from health care coverage in Spain. Health Policy. 2018;122:1155-60.
  18. Juanmarti Mestres A, Lopez Casasnovas G, VAll Castello J. The deadly effects of losing health insurance. Eur Economic Rev. 2021.131:103608
  19. Trummer U, Novak-Zezula S, Renner A, Wilczewka. Cost analysis of health care provision for irregular migrants and EU citizens without insurance. [Consulté le 13/11/2023] https://migrationhealthresearch.iom.int/thematic-study-cost-analysis-health-care-provision-irregular- migrants-and-eu-citizens-without

Positionnement de la SFMTSI concernant la suppression de l’aide médicale de l’État

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L’aide médicale de l’État (AME) est une aide sociale permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’une prise en charge de leurs soins. Elle a été mise en place en 2000 pour pallier l’exclusion des travailleurs sans papiers ne pouvant bénéficier d’une couverture sociale de droit commun par l’assurance maladie et en remplacement de l’aide médicale d’urgence préexistante. Un amendement proposant la suppression de l’aide médicale de l’État, au profit d’une aide ne couvrant uniquement que « les soins urgents », a été voté au sénat le 15 Mars 2023. Cet amendement contraire aux principes des droits humains garantissant un droit à la santé pour tous sur le territoire français et européen, est un non-sens d’un point de vue économique, les prises en charge tardives hospitalières des pathologies étant particulièrement coûteuses, et va limiter l’accès aux soins d’une population déjà fragilisée [1-4]. De plus, toutes les études démographiques démontrent que la migration pour raison de santé est minoritaire parmi les motifs de départ des pays d’origine, que notre système de protection social est globalement méconnu des migrants, et que sa restriction n’aura aucun effet sur les flux migratoires.

Cet amendement, s’il était voté à l’assemblée nationale, limiterait l’accès aux soins primaires, à la prévention, et la prise en charge des pathologies chroniques de la population visée, impactant sa santé et sa qualité de vie. Positionnement de la Société de Pathologie Infectieuses (SPILF), de la Société de Réanimation de Langue Française (SRLF), de la Société Française de Santé Publique (SFSP), de la Société Française de Pédiatrie (SFP) et de Société Française de Médecine d’urgence (SFMU) concernant la suppression de l’aide médicale de l’État Au-delà des conséquences en termes de santé, loin de limiter les dépenses, cet amendement sera coûteux, entrainera par ricochet une surcharge non supportable des Permanences d’accès aux soins de santé (PASS) et des Services d’accueil et d’urgences (SAU) déjà saturés, une sur-sollicitation des ressources spécialisées (soins spécialisés, hospitalisations et recours aux soins critiques) et une augmentation des durées d’hospitalisations du fait de l’impossibilité de transférer des malades en soins de suite et de réadaptation [1-6]. Le système de santé, exténué après la crise du Covid-19, n’aura pas la capacité d’endosser les conséquences d’une politique contraire à la santé publique.

De plus, le coût des soins couverts par l’aide médicale de l’État et du dispositif des soins urgents et vitaux, bien que significatif, ne représente que 0,4% des dépenses de l’Assurance maladie en France au bénéfice d’une population surexposée aux maladies infectieuses transmissibles [7], aux maladies chroniques non transmissibles et à la souffrance psychique notamment en lien avec leurs conditions de migration et de vie [8-9]. Les travaux des économistes de la santé ne concluent pas à une surconsommation de soins inutiles par ces bénéficiaires et font, à l’inverse, le constat d’un non-recours à ce droit important (49% selon l’enquête Premiers pas, y compris pour les personnes atteintes de maladies chroniques) [10].

Nous rappelons que selon l’OMS « la possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain quelle que soit sa condition […] économique et sociétale » [8], affirmons que, si problème il y a, la solution ne peut être de restreindre l’accès aux soins, et appelons solennellement les députés et les sénateurs à ne pas supprimer l’aide médicale de l’État, à revenir sur les restrictions qui lui ont été adjointes (délais de carence) et à en assurer un accès effectif.

  1. Ganapathi et al. N Engl J Med 2019
  2. Prats-Uribe et al. Eur J Public Health 2020
  3. Guillon et al. EurJ Health Economics 2018
  4. Kraft et al. J Pédiatr 2009
  5. Allegri C et al. EClinicalMedicine 2022
  6. Cervantes et al. JAMA Intern Med 2018
  7. Vignier et al. Front Public Health. 2022
  8. Keith et al. BMJ 2015
  9. https://www.irdes.fr/recherche/2022/qes-266-une-personne-sans-titre-de-sejour-sur-sixsouffre- de-troubles-de-stress-post-traumatique-en-france.html
  10. https://www.irdes.fr/recherche/2019/questions-d-economie-de-la-sante.html#n245EN
  11. Coristsidis et al. Am J Kidney Dis 2004
  12. Nandi et al. J Immigr Minor Health 2009
  13. https://apps.who.int/mediacentre/news/statements/fundamental-humanright/ fr/index.html (accédé le 23 Mars 2023)

Ce positionnement a été co-signé par :

Le Collège des Enseignants de Médecine Intensive et Réanimation (CeMIR)

Le Collège de Réanimation des hôpitaux Extra-Universitaires de France (CREUF)

L’Association nationale des Jeunes Médecins Intensivistes Réanimateurs (ANJMIR)

Le Groupement Francophone de Réanimation et des Urgences Pédiatriques (GFRUP )

Le Syndicat des Médecins Réanimateurs (SMR)

Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF)

La Société Française de Médecine Périnatale (SFMP)

La Société Française de néonatalogie (SFN)

Kiosque N°12

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Pourquoi l’Afrique inter tropicale a-t-elle été peu atteinte par Covid-19 ? (même si les statistiques sont sous estimées). Les recherches sur cette question sont primordiales pour tous, quelques éléments nouveaux ont été apportés.

  1. Il a été trouvé un empêchement avec la grippe. Modification des schémas de circulation de la grippe pendant la pandémie de COVID-19, Sénégal
  2. et avec VRS et la diversité génétique humaine induite par la sélection naturelle. Sars-covid-2 : Comment l’histoire des populations influence leur réponse immunitaire

Une bonne nouvelle pour l’endométriose qui affecte douloureusement de nombreuses femmes : un test biologique accessible. L’Endotest® pour le diagnostic de l’endométriose, validation dans le New England Journal of Medecine

Et pour finir 2 réflexions de Luc Périno :

  1. Pourquoi multiplier les examens biologiques quand la clinique suffit ? Saga des marqueurs cardio-vasculaires 
  2. Le « sport commercial » n’est pas utile à la santé ! Sport et chimie

Articles sélectionnés par Jean-Loup Rey

Sur le bandeau : Élèves à l’école coranique du village d’Ibel, Sénégal oriental en 1978 (Crédit photo: A. Epelboin).

Médecin-capitaine Joseph Coulloc’h (1912-1944)

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Le destin d’un médecin colonial breton

Candice Coulloc’h sa petite-fille, et le Dr Jean-Marie Milleliri ont exhumé la correspondance hebdomadaire de Joseph Coulloc’h, jeune médecin militaire breton, avec sa mère résidant à Tréboul (Finistère). Ces échanges ont eu lieu entre 1935, année de sa soutenance de thèse à Bordeaux, et sa mort tragique en 1944 au surlendemain de la naissance de son fils.

À la manière d’Alexandre Yersin rédigeant ses missives depuis le Vietnam pour raconter à sa mère ses journées de travail à l’étranger, Joseph Coulloc’h nous livre des détails d’un quotidien fait de découvertes et d’activités médicales dans un Gabon profond entre janvier 1937 et juin 1939, de Port Gentil à N’Djolé en passant par Lambaréné. À N’Djolé en particulier, il rouvre le poste médical fermé depuis 7 ans mais où la reprise de la trypanosomose exige de nouveau une action concertée.

Sa correspondance permet de découvrir la vie quotidienne d’un médecin militaire colonial en début de carrière. Les consultations médicales, la vaccination des populations, les actes chirurgicaux, la surveillance des maladies décrivent l’Ailleurs et l’Autre africains, rassurant une mère vivant à des milliers de kilomètres.

Au Gabon, durant plus de deux ans, le jeune médecin a vécu au gré des consultations et des tournées de brousse. Ces lettres sont émaillées de détails instructifs. Le jeune médecin diplômé du Pharo déploie une activité diversifiée de médecine tropicale. Il s’occupe de ses nombreux patients (30 à 40 consultants par jour), travaille au centre de prise en charge et de prophylaxie de la maladie du sommeil, dispense des vaccins antivarioliques. Pendant un long séjour à Lambaréné en 1937, il aide le médecin-capitaine du poste, agrégé de chirurgie, pour les interventions chirurgicales tout en poursuivant des tournées médicales dans les villages environnants. Disposant d’un appareil photographique, chose assez rare à l’époque, Joseph Coulloc’h nous livre des images anciennes qui sont le reflet de la vie de l’époque : paysages, personnages locaux, rassemblements de populations, activités médicales, bâtiments, animaux… Les relations avec la hiérarchie ne sont pas oubliées et nous assistons quasiment en direct à la naissance du concept de matrone-accoucheuse, voulue par les autorités sanitaires depuis Brazzaville et qu’il faudra beaucoup de persévérance pour introduire dans le contexte local.

Mais la guerre le rattrape. De retour en 1939, Joseph Coulloc’h rejoint le front le 1er mai 1940 en Lorraine. Il est fait prisonnier avec ses hommes le 21 juin. Libéré en janvier 1942, il rejoint l’hôpital de Saint-Raphaël où il prépare et réussit le concours d’assistant de radiologie. En juillet 1943, il se marie à Douarnenez. En 1944, le couple s’installe à Saint-Mandé car le Dr Coulloc’h exerce désormais à l’hôpital Bégin. Le 24 mai, Joseph va rejoindre en Bretagne son épouse qui lui a donné un fils le 22 mai. Mais le train qui le ramène sur ses terres est mitraillé par des avions alliés et il est mortellement frappé par les tirs du second passage aérien.

Tragique destin que celui de ce médecin breton des troupes coloniales. La lecture de ces lettres témoigne de l’attachement d’un fils à sa mère, à ses racines bretonnes et ses valeurs chrétiennes, mais aussi de la réalité médicale du Gabon des années 1930 et du choc de la confrontation d’un jeune intellectuel français avec le peuple gabonais. En gardant précieusement ces lettres, l’oncle maternel de Joseph Coulloc’h, le chanoine Henri Pérennes, nous a donné la chance de partager ces témoignages.

Médecin-capitaine Joseph Coulloc’h (1912-1944). Le destin d’un médecin colonial breton

ISBN : 979-10-90412-42-2

Prix 32 € plus port 8€

Commande auprès de J.-M. Milleliri ([email protected])

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