Le paludisme

Véritable maladie qui était, qui est et qui vient, le paludisme est partie prenante de l’ADN de la Société francophone de médecine tropicale et santé internationale, héritière de la Société de pathologie exotique créée en 1907 par Alphonse Laveran, l’année même où il reçoit le Prix Nobel de Médecine pour ses travaux sur le paludisme débutés à Constantine (Algérie).

Le paludisme « était », car il affecte l’homme depuis l’aube de l’humanité, présent il y a plus de 50 000 ans et constituant une des plus grandes causes de mortalité de notre espèce. Lorsque l’homme s’est sédentarisé en devenant agriculteur, le paludisme s’est parfaitement accommodé de cette révolution. Le paludisme était partout sur terre (sauf en Antarctique) jusqu’au XIXe siècle, jouant parfois un rôle politico-militaire lorsque les conquérants oubliaient de s’en prémunir comme l’apprirent à leurs dépens les troupes britanniques à Walcheren (Pays-Bas) en 1809 ou les troupes françaises à Madagascar (1895). Seules la révolution de l’hygiène publique, la maitrise de la quinine puis des insecticides, certains grands aménagements des territoires inondables (Italie, années 1920) et l’action à long terme de la Fondation Rockefeller dans la première moitié du XXe siècle ont réussi à le chasser des climats tempérés transformant une maladie ubiquitaire en maladie exotique, sinon tropicale.

Le paludisme « est », et reste un problème d’actualité en santé tropicale provoquant encore en 2018, environ 228 millions de cas dans le monde et la même année plus de 400 000 décès. Les enfants de moins de cinq ans sont les plus vulnérables, représentant 67 % des décès imputables au paludisme. Mais, surtout, pour la SFMTSI le fait que 93 % des cas de paludisme et 94 % des décès qui lui sont imputables (estimations de 2018) se soient produits dans la région africaine de l’OMS est inacceptable à l’heure où de nouvelles stratégies thérapeutiques et préventives, individuelles et communautaires ont fait leurs preuves.

Le paludisme « vient » car s’il est devenu tropical, le paludisme reste un problème de santé internationale dans un monde où les transports intercontinentaux sont devenus si rapides et si denses qu’ils exportent avec succès le plasmodium dans ce qu’il est convenu d’appeler selon les cas « paludisme d’importation » ou « paludisme des aéroports ». Il vient et pourrait revenir dans les zones non tropicales d’où il avait disparu, à l’occasion d’un réchauffement climatique qui a déjà introduit sous ces latitudes plusieurs maladies infectieuses émergentes, ou réémergentes.

Le paludisme justifie depuis plus d’un siècle le rôle de notre société. Il reste une de ses raisons d’être et stimule toujours son activité.