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La qualité des publications relatives à la Covid-19 n’est pas toujours au rendez-vous, restons sur nos gardes !

Depuis près d’un an, nous sommes ensevelis de publications et prépublications relatives à la pandémie de Covid-19. Le lecteur scientifique n’a pas le temps de tout lire et plus il est « savant » plus il est méfiant devant cette avalanche de publications dont bon nombre le laisse dubitatif.

Depuis des mois le Dr Hervé Maisonneuve alimente son célèbre blog de ses réflexions (https://www.redactionmedicale.fr/) et de son œil d’expert de la rédaction médicale, pour apprécier et critiquer l’évolution de la production scientifique en matière de Covid-19. Il a récemment publié ses conclusions, après évaluation par un vrai comité de lecture, dans un article de la Presse Médicale Formation (N.B. : l’auteur ne déroge pas à l’éthique de la revue en rappelant qu’il est membre du comité de rédaction de celle-ci).

Afflux d’auteurs, tsunami de manuscrits, manque d’évaluateurs, précipitation des éditeurs, silence des sociétés savantes, explosion des archives de prépublication, manipulation du facteur d’impact, rétractation d’article, opportunisme des revues prédatrices, manque de recul des médias grand public… rien n’échappe à ce bilan (y compris la production française) plutôt à charge mais qui permet de prendre du recul sur la révolution en marche en matière de communication des données scientifiques.

Les points essentiels mis en exergue par les auteurs sont :

– Les éditeurs, propriétaires des revues scientifiques avec les sociétés savantes, ont mis en accès libre les articles traitant de la Covid-19 au sein d’un espace dédié.

– Les revues médicales prestigieuses ont reçu jusqu’à une centaine de manuscrits par jour, pour en publier moins de 2 ou 3% ; cependant, les règles de relecture par les pairs n’ont pas toujours été suivies.

– Des revues ont créé de nouvelles rubriques pour alléger les standards de publication, attirer les auteurs, ou augmenter le nombre de citations.

– Des manipulations des publications ont été observées.

– Les revues prédatrices, pour certaines créées lors de la pandémie, ont profité de la crise sanitaire pour attirer auteurs et articles.

– Les médecins ont adopté le système des prépublications, après avoir été réservés sur son utilité.

– Les revues scientifiques n’ont plus la primeur des résultats des recherches.

On complètera utilement cette lecture par un article qui fait la synthèse sur les plus de 13 000 (treize mille !) revues prédatrices recensées fin 2019 et par un regard sur Retraction Watch le blog qui recense les articles scientifiques retirés par les éditeurs à la suite de la constatation de divers anomalies involontaires, volontaires mais non pernicieuses ou carrément frauduleuses. La lecture de ce dernier est édifiante tant les publications médicales sont présentes parmi les plus de 20 000 rétractations recensées en 10 ans. Et déjà 44 rétractations, concernant des articles liés à la Covid-19, recensées en décembre 2020.

Jean-Paul Boutin, SFMTSI

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H.Maisonneuve, B. Plaud, E. Caumes. Pandémie à SARS-CoV-2 : éthique et intégrité oubliées devant la précipitation pour publier. Presse Med Form (2020), doi : 10.1016/j.lpmfor.2020.10.021
A de la Blanchardière, F Barde, N Peiffer-Smadja, H Maisonneuve. Revues prédatrices : simples miroirs aux alouettes ou menaces graves pour la recherche ? 1 Comprendre et reconnaître les revues prédatrices. 2020. ffhal-02972956f
 
Retraction Watch le site : https://retractionwatch.com/

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