Luc Périno

Humeur du 24/01/2013, lucperino.com

Toutes les pilules de la 1ère à la Nième génération ont toujours eu comme effet secondaire néfaste de favoriser les accidents vasculaires (thromboses, phlébites, embolies, infarctus, AVC, etc.) Le risque est de 3 accidents vasculaires (AV) sur 10 000 avec les pilules de première et deuxième générations et de 4/10 000 avec les générations 3 et 4.

C’est pourquoi nous ne devions pas prescrire la pilule en cas d’antécédents familiaux ou personnels de phlébite ou AV quelconque et dans certaines anomalies génétiques de l’hémostase. L’autre contre-indication à la prescription de pilule est le tabagisme qui fait brutalement monter le risque d’accident vasculaire à 15 ou 20/10 000.

Sachant que le risque naturel d’AV est de 1/10 000 pour toute jeune femme, voyons les différentes façons de signifier l’augmentation du risque.

Les pilules de générations 1 et 2 multiplient par 3 le risque d’AV. Ces pilules augmentent donc le risque de 200 %. Les pilules G3 et G4 multiplient par 4 le risque d’AV. Elles augmentent donc ce risque de 300 %. Peu importe la génération du contraceptif, dans tous les cas, l’augmentation du risque est considérable. En thérapeutique, on ne parle pas de risque, mais toujours d’augmentation ou de diminution de risque.

Transformons-nous maintenant en avocat du diable, en vulgarisateur de l’épidémiologie, en contempteur des risques et en critique de nos bien modestes exploits pharmaceutiques.

Une jeune femme qui prend une pilule G1 ou G2 a 9 997 chances sur 10 000 de ne pas avoir un AV et cette chance tombe à 9 996 sur 10 000 avec une pilule G3 ou G4.

Une jeune femme qui fume et prend la pilule a 9 980 chances sur 10 000 de ne pas faire d’AV.

Je ne dis pas cela pour encourager toutes les femmes à fumer et à prendre la pilule sans aucune retenue ni précaution, car je serais un médecin assassin.

Continuons… Un médicament qui diminuerait de 50 % le risque d’AV aurait un succès commercial immédiat et ferait la Une de tous les médias. Il ferait passer le risque d’AV de 1/10 000 à 0.5/10 000 et la chance de ne pas en faire de 9 999/10 000 à 9 999,5 sur 10 000. Espérons seulement qu’un tel médicament n’ait pas trop d’effets secondaires, car son bénéfice serait vite inférieur à son risque.


Tous les médicaments
 prescrits aujourd’hui le sont pour des réductions de risque de l’ordre de 20% à 50% et ils ont le succès que vous savez !!

Alors pourquoi prescrit-on des pilules qui augmentent un risque de 200 % ou 300 % ? La question est évidemment stupide et la réponse réside dans le bénéfice social de la pilule. Ce bénéfice est-il si considérable qu’il doive faire oublier tous les risques ?

Non bien sûr, mais le bénéfice social est tel que les jeunes femmes qui viennent chercher la pilule et les médecins qui la leur prescrivent n’entrent pas dans ces subtiles considérations épidémiologiques. Là n’est pas leur préoccupation de l’instant.

Malgré ma démonstration que la pilule est « médicalement » et « épidémiologiquement » très dangereuse, les médecins ont une obligation sociale à la prescrire. Nous devons juste regretter qu’ils remplissent rarement leurs trois devoirs médicaux devant cette obligation sociale :

  • Demander à la jeune femme de ne pas fumer, car c’est le seul facteur vraiment tangible d’augmentation de risque.
  • Prescrire la pilule la plus ancienne, car la nouveauté à l’intérieur d’une classe pharmacologique existante est très rarement un gage de progrès réel.
  • Essayer d’encourager la pose d’un stérilet, car c’est une méthode contraceptive qui offre un rapport bénéfice/risque supérieur à celui de la pilule à tout âge.

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